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Les outils numériques, les réseaux sociaux agissent comme une addiction. Alors pourquoi continuons nous à servir de l’alcool à nos enfants ?

J’y vois 3 raisons

  • Nous sommes aussi dépassés qu’eux et donc non légitimes dans notre rôle de parents
  • L’utilisation des outils numériques est acceptée et entérinée par le plus grand nombre donc non encore stigmatisée.
  • Le monde virtuel semble répondre en apparence seulement à des besoins vitaux comblant nos failles narcissiques.

Le constat de l’hyper connexion, aussi alarmant puisse t-il être pour l’Homme, n’est en fait qu’une étape indispensable à laquelle nous devons nous confronter.

L’homme doit faire face à sa “crise d’adolescence technologique”, un passage obligé, un déséquilibre nécessaire. Nous devons réapprendre à marcher pas après pas en présence de nos cyber outils d’autant plus que la révolution ne fait que commencer.

Mais pour tendre vers quoi ?

Sans contact humain, l’homme meurt, au même titre que la nourriture et l’oxygène sont indispensables à nos vies. Notre instinct va donc irrémédiablement nous pousser à nous reconnecter à nous même et donc aux autres. Il ne peut en être autrement.

Dans les années 70, les précurseurs de l’agro-écologie comme Pierre Rabhi nous montraient la voie. Les pionniers de l’écologie et de l’économie solidaire défrichaient les terres hostiles au changement. Il aura fallu près de 50 ans pour réaliser un début de mutation qui ne garantit pas la survie de notre espèce.

Il est clair que les nouveaux modes de consommation solidaires et écologiques sont chaque jour plus présents et la tendance, heureusement, est depuis peu irréversible et validée par le plus grand nombre. Contrairement à l’hyper connexion qui, pour sa part, souffre d’un besoin d’identification et d’une acceptation massive et non stigmatisante car addictive et bénéficiant d’un blanc seing des autorités.

Cet abus, cette fracture, ne vous rappellent ils pas la génération du baby boom ?

Le rapport que nous vivons aujourd’hui à la technologie est celui que nous avions dans les années 70 face à l’écologie.

Mais qui bénéficie de la nourriture issue de l’agriculture biologique ? qui peut se permettre de manger équilibré toute la semaine ? Qui peut se chauffer avec une énergie propre ? qui a les moyens de payer 5 euros par mois un filtre écologique sur les applications telles que Google ou Facebook? qui peut se permettre de se payer un système éthique familiale d’auto-régulation ? Qui a les moyens de mettre son enfant dans une école écoconsciente ?

Je parle ici du présent mais aussi du futur et des problématiques auxquelles nous faisons déjà face. Une rupture sociale, un déclassement au travers le prisme de la technologie.

Nous ingérons aujourd’hui la “junk food” du savoir.

Les catégories sociales qui ont les moyens culturels, financiers, familiaux, environnementaux et éducatifs peuvent faire face aux abus des multinationales du sucre…ces mêmes catégories sociales sauront faire face aux abus des multinationales du savoir. Qu’en est il des autres ? Ils seront abusés, déclassés et en permanence sollicités par ces mêmes géants dont le seul but est de les rendre addicte autant qu’ils le sont au sucre.

Nir Eyal est un gourou du comportement et auteur de “Hooked” un best seller sur la construction des habitudes. Il fait des conférences et est consultant pour des groupes tels que Linkedin et Instagram. Dans un de ses blogs, il vante les mérites de la récompense, intitulé : “vous voulez accrocher vos utilisateurs, rendez les fous”.

Anne-Lise Ducanda Médecin de PMI en région parisienne lance l’alerte auprès des autorités publiques. Les enfants de 3-4 ans surexposés aux écrans font apparaître des troubles liés au spectre autistique (TSA). Le constat est alarmant. Les enfants perdent le contrôle de la communication humaine de base.

Ces deux exemples sont les 2 faces d’une même pièce, pièce qui ne peut retomber que du bon côté.

Quelles solutions ?

La technologie est une évolution magistrale mais nous sauvera-t-elle du déclin ? Encore faut il, au même titre que les énergies renouvelables, la mettre au service de l’humanité.

Après avoir écumés les océans de la Silicon Valley, des hommes et des femmes se soulèvent et sont porteurs de projets sociétaux et écologiques. Je pense en particulier à Tristan Harris http://www.tristanharris.com/ un brillant ingénieur, créateur d’une start up rachetée par Google et aujourd’hui conférencier et écrivain. Il se bat quotidiennement pour que l’Homme reprenne le contrôle de la technologie pour un équilibre sain et éthique.

Ces femmes et ces hommes sont pour moi les pionniers de la reconquête de l’humain.

Qu’attendons nous pour reprendre possession de nous même et aider les plus démunis à en faire autant ?

Je suis un privilégié. Ma génération me donne les outils pour me prémunir des abus invasifs de la technologie. Et pourtant ce n’est pas simple d’y faire face.

L’innovation est un bienfait. C’est ce que nous en faisons qui détermine notre capacité à évoluer vers le beau, vers le bon.

La détresse des jeunes et l’idée qu’ils passent à côté de leur vie me bouleversent. J’ai donc décidé d’agir à mon niveau. J’ai décidé d’agir pour ne pas que la génération Y soit sacrifiée sur l’autel de la “junk food” du savoir.

Beaucoup parlent et écrivent mais trop peu est fait alors que ce sujet est une thématique centrale de santé publique, une bombe à retardement.

Pour accompagner et aider avec justice et équité le plus grand nombre, nous avons le plus bel outil qu’il soit : L’Ecole.

En tant qu’expert en addiction aux nouvelles technologies, je travaille donc étroitement avec les collèges, les lycées, les missions locales, les mairies. De l’assistante sociale, aux infirmières en passant par les CPE, les associations de parents d’élèves, les proviseurs, les principaux…tous sont unanimes et inquiets des dérives et violences générées au sein de leurs établissements, lieux censés être sanctuarisés. Tous m’accueillent les bras ouverts pour mettre en place des réunions de groupe, des tables rondes, des interventions de sensibilisation et d’information. Et ce n’est qu’un début !

L’essence même de ma démarche est la prise de conscience de ce que chaque enfant “est” intrinsèquement et de la re-connexion à ses émotions.

Reprenons possession de nous même, trouvons cet équilibre subtil et écologique entre nous et la technologie, éduquons et sensibilisons dès le plus jeune âge et donnons les outils nécessaires à nos ado pour mieux vivre ensemble.

« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. » Antoine de Saint-Exupéry